Avez-vous déjà ressenti cette sensation que votre vie a défilé sans vous laissez le temps de la regarder ? C’est un peu le sentiment que j’ai en ce moment. Si j’écoute mon père, j’aurai du avoir une vie différente et je l’ai gâchée. Ceci explique cela, il ne me parle plus, depuis bientôt sept ans. Sept ans. L’âge que va avoir ma fille. Maëlyn.

Pour comprendre tout ça, il faut retourner un peu en arrière. J’ai eu la chance de grandir dans une famille plus qu’aisée. Est-ce que je crois que l’argent fait le bonheur ? Pas forcément, non. Mon meilleur ami vient d’une famille de la classe moyenne et à mon sens, il a des parents plus que géniaux. Sa mère, Gloria, était la gouvernante de la mienne. Enfin de la maison ou plutôt du manoir comme dirait mon père. Elle a pris soin de moi lorsque mes parents, trop occupés avec leur mondanité, oubliait que peut-être, j’aurai aimé être avec eux.

J’ai l’air désabusé ? Oui et non. Je les aime, ne pensez pas le contraire mais je leur en veux pour certaines décisions. Par exemple, cette idée qu’ils ont eu de m’inscrire dans des pensionnats étrangers pour que j’apprenne à parler correctement plusieurs langues. L’année de mes quatorze ans en Espagne, les deux années qui ont suivit en France et voilà, leur fille était un petit singe savant, parlant correctement trois langues.

Trois longues années que je n’ai pas forcément bien vécu. J’avais le sentiment que mes parents cherchaient à se débarrasser de moi et j’étais loin de mon meilleur ami, Dean. Ma petite vengeance personnelle, c’est que je l’appelais tout les soirs et que la communication n’était pas gratuite. J’avais beau recevoir des appels de la secrétaire de mon père, il était pas question que j’arrête, il était mon seul lien avec mon ancienne vie et je ne voulais en aucun le rompre.

Quand je suis revenue, les choses entre lui et moi avaient changé. Normal, on ne se voyait que pour les vacances et puis on avait grandi loin l’un de l’autre. Avant, on se voyait tout les jours après les cours, il me parlait de son école, moi de la mienne remplis de fille toute plus péteuse les une que les autres. La plupart du temps il restait avec sa mère et moi jusqu’à ce que mes parents daignent rentrer ou que la «nounou» prenne le relais.

En écrivant tout ça, je me rends compte que je n’ai jamais été qu’une paquet que mes parents confiaient à d’autre, d’où mon amertume sans aucun doute.

Bref, trois ans loin l’un de l’autre nous avait changé. On s’appréciait toujours autant mais Dean était rentré dans un nouveau monde. Entre étude de rêve et les filles qui succombaient toutes à son charme, les moments à deux étaient toujours là mais moins présent.

Egoïstement, je lui en voulais. Dean avait toujours été le genre de garçon suivit et admiré. Vous savez le genre de beau goss qui font la loi dans les lycées des films américains. A la différence que lui il ne cherchait pas à dominer le monde et ne s’amusait pas à martyriser les moins populaires (ou alors il ne me l’a pas dit) Quoi qu’il en soit, il avait réussit là où j’avais lamentablement échoué. Il avait continué sa vie.

Certainement par vengeance, j’ai pris mes distances. De toute façon, je supportai plus de sentir le parfum des filles dans sa voiture, son portable qui vibrait sans cesse ou que quelqu’un venait toujours lui parler quand il était avec moi. Oui, d’accord, on peut parler de jalousie mais j’aurai du faire quoi ? On était pas du même monde, juste qu’on ne voulait pas se l’avouer.

Et puis, il y a eu ce voyage, encore un. En Angleterre cette fois. Avec le club d’écriture, histoire de visiter le pays de Shakespeare pour notre dernier voyage scolaire. Est-ce nécessaire de dire que le père de Maëlyn est anglais ?
Enceinte à dix-sept ans et onze mois. J’ai eu tellement peur que je n’ai rien dit, je n’ai rien fait. Je crois que j’espérais un retour à la normale comme par magie, comme si c’était le stresse et qu’en aucun cas mes symptômes était ceux d’une grossesse. Le troisième mois, sans doute pour me rentrer dans le crâne que j’étais bien enceinte, j’ai fais un teste, positif bien sur.

Mais là encore, je n’ai rien dit. De toute façon qui aurait pu le voir ? Mon père était trop occupée avec sa politique, ma mère avec ses associations et Dean était parti avec des amis. D’ailleurs puisqu’il était loin, j’ai carrément refusé tout ses appels et autres tentatives d’entrer en contact. J’avais envie d’être seule même si j’avais oublié quelqu’un de très important.

Gloria avait remarqué mon comportement étrange et puis Dean avait du lui demander pourquoi je ne répondais pas. Quoi qu’il en soit, un matin, elle m’a demandé de la rejoindre dans la cuisine pour soit disant l’aider à préparer le repas. Je suis tombée dans le piège comme une quiche ! Elle m’a parlé de la fille d’une amie, enceinte à dix-huit ans. Une fille bien sous tout rapport qui semblait croire qu’elle avait fait la plus grosse connerie de sa vie. Une fille qui avait jeté un test de grossesse dans l’une des poubelles de cette maison.

J’ai du pleurer pendant au moins cinq heures. Maintenant que quelqu’un d’autre savait, c’était complètement différent et réel. J’étais enceinte, j’allai devoir faire des choix.

La première réaction de mon père a été de me gifler, celle de ma mère de rester à pleurer.
La seconde réaction de mon père a été de vouloir prendre un rendez-vous pour un avortement, celle de ma mère de lui dire qu’il était trop tard.
La troisième réaction de mon père a été de parler d’adoption et de dire que je devais quitter l’état, celle de ma mère d'acquiescer et la mienne de dire non.
La dernière réaction de mon père a été de me mettre à la porte, de bloquer mes comptes, celle de ma mère de le laisser faire et celle de Gloria de m’emmener chez elle.

Dean est rentré quelques jours plus tard.

Dire que nos retrouvailles ont été électriques est un euphémisme. J’ai eu le droit au serment du siècle et à dire vrai, je ne l’avais vu aussi en colère. Il était tellement furieux qu’il voulait connaitre le nom du garçon, histoire de lui régler son compte. C’est Gloria qui l’a calmé, lui rappelant que j’avais besoin de son amitié et que pour le reste mon père était là. Il a acquiescé puis il est parti pendant quelques jours, sans doute chez son meilleur ami. Quand il est revenu, il m’a proposée une chose folle. Une chose folle que j’ai accepté. Il est devenu le père de mon bébé.

C’était égoïste de ma part d’accepter, mais ça me rassurait de me dire que je n’allais pas être seule alors oui, j’ai dis oui. Et Dean est devenu papa.

Les trois premières années, on a vécu chez ses parents, ma mère passait nous voir vu que j’avais interdiction de remettre les pieds dans mon ancien chez moi. Ensuite on a déménagé dans un appartement tout les trois, comme une petite famille.

Entre temps, j’ai sorti le premier tome d’une saga suivit de deux autres. J’avais toujours rêvé d’être écrivain et le destin m’a sourit. Si Maëlyn et moi on est venu sur le bateau, c’est pour suivre Dean. Bien sur j’en profiterai pour commencer mon quatrième livre même si le maitre mot c’est repos.

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